Que serais-je sans toi ? est votre sixième roman, et vous rencontrez un succès grandissant. Dans quel état d’esprit abordez-vous cette nouvelle parution ?
Avec une grande impatience : celle de retrouver les lecteurs pour leur proposer cette nouvelle histoire et partager encore une fois quelque chose avec eux. J’ai cet immense privilège d’entretenir une relation particulière avec beaucoup de ceux qui me lisent.
Je reçois beaucoup de courrier, et depuis plusieurs mois, je sens monter l’attente autour de ce roman que j’avais annoncé comme étant différent des précédents. J’écris avant tout pour les lecteurs et je sais qu’une bonne partie de mon succès est dû au bouche à oreille. Donc à chaque fois, j’ai un vrai « trac » au moment de la sortie du livre, semblable à celui d’un comédien au moment du lever de rideau.
Pouvez-vous nous présenter ce nouveau roman ?
C’est un livre que j’ai voulu optimiste. J’avais envie d’écrire une histoire qui fasse du bien. Un peu comme, parfois, on a besoin de se mettre devant un bon film dont on sait qu’il va nous faire nous sentir bien, nous dépayser, nous faire rire et nous apporter du réconfort.
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C‘est aussi la première fois que vous choisissez une héroïne pour personnage principal.
Oui, le personnage central autour duquel gravite l’histoire est une jeune femme de 30 ans, qui s’appelle Gabrielle et vit à San Francisco. Une femme qui s’est construite sur ses lignes de faille et dont les faiblesses et les défauts me touchent plus que ses qualités. Une femme déchirée par l’abandon des deux hommes qui ont compté dans sa vie et qui les voit réapparaître à un moment où elle n’y croyait plus.
Le roman raconte aussi le face-à-face d’un flic et d’un célèbre voleur évoluant dans les milieux de l’art.
Oui et c’était un plaisir d’écrire sur ce thème. J’ai, depuis longtemps, développé une vraie passion pour la peinture et la sculpture « modernes ». Des toiles impressionnistes jusqu’aux tableaux monochromes de Ryman et de Soulages en passant par Van Gogh, Brancusi et Picasso, certaines œuvres ont eu dans ma vie une importance comparable à celle des livres.
Cet intérêt remonte au début de mon adolescence et à la découverte des musées parisiens.
Ce nouveau livre démarre justement à Paris…
C’est vrai que c’est la première fois que la France est aussi présente dans mon histoire !Pendant longtemps mon imaginaire fonctionnait davantage avec les Etats-Unis. Pour des raisons compliquées, il était plus actif avec un décor américain. Mais cette fois, le roman débute dans le Paris que j’aime : celui des bords de Seine, des bouquinistes, du Musée d’Orsay, des petites rues piétonnes près du parc Montsouris. C’est le Paris qui nous fait nous dire, lorsque l’on passe près des quais de Seine à deux heures du matin, que l’on habite vraiment dans la plus belle ville du monde !L’histoire se poursuit à San Francisco, qui est la ville américaine à laquelle je suis le plus attaché avec New York à cause de la douceur de son climat, de l’ouverture d’esprit de ses habitants et surtout du rêve de liberté associé à la Californie.
Le livre s’achève dans un lieu mystérieux. Sans en dévoiler trop, est-ce pour vous un retour au surnaturel ?
Les cinquante dernières pages du roman se déroulent en effet dans un lieu particulier et je suis impatient de voir comment les lecteurs vont l’interpréter.
Pour l’instant, je préfère en révéler le moins possible ! Toujours mon souci de préserver le plaisir de la lecture…
Vous reconnaissez-vous dans l’appellation d’écrivain populaire qui vous est désormais attachée ?
J’en fais même une fierté. Quelle chance de pouvoir s’adresser aussi bien aux personnes qui ne lisent qu’un livre par an qu’à ceux qui en dévorent plusieurs par semaine ! J’ai toujours voulu écrire des romans qui soient lisibles par le plus grand nombre, sans toutefois renoncer à être ambitieux concernant les thèmes abordés. Je garde toujours à l’esprit la phrase de François Truffaut qui disait vouloir faire des films qui « divertissent tout en élevant ».
Vous publiez un roman chaque année. Avez-vous encore le temps de lire ?
Heureusement ! La lecture et la fiction en général ont toujours eu et continueront d’avoir un rôle prépondérant dans ma vie. Mes livres du moment ? Une odyssée américaine, le dernier Jim Harrison, ainsi que le passionnant Journal de Joyce Carol Oates qui montre combien l’écriture est une aventure intérieure pleine d’imprévus et combien les voies de la création peuvent être mystérieuses.
Vous parlez beaucoup de vos lecteurs. Comment expliquez-vous ce lien privilégié avec eux évoqué plus haut ?
J’ai lu tellement de bêtises dans des articles qui cherchaient à expliquer ou à rationaliser le succès de mes romans ! Bien sûr que l’essentiel repose sur cette relation vraiment particulière, cette alchimie que je préfère vivre plutôt que de l’analyser !